Aidez les personnes qui souffrent de la faim dans la Corne de l'Afrique

Help those suffering in the Horn of Africa

vendredi 29 juillet 2011

Famine dans la Corne de l'Afrique. Que faire ?

Pour moi, tout est parti d'une conversation sur TED. "Comment un individu peut-il aider à lutter contre la famine dans la corne de l'Afrique ?"

Rappel des faits :



Si vous désirez en savoir plus, des liens sont disponibles à la fin de l'article.

Vous l'aurez tous compris : c'est une tragédie humaine qui se produit actuellement dans la corne de l'Afrique. La question est : Que pouvons-nous y faire ?

Première réponse facile : faire des dons à des ONG travaillant sur place.

    À qui donner ?

    Les ONG sont nombreuses mais elles sont toutes différentes ! J'ai donc sélectionné 3 grandes associations pour les comparer afin de vous aider à faire votre choix. Bien sûr, libre à vous d'aller voir chez d'autres ONG ce qu'elles proposent comme actions et de vous faire votre propre opinion.

    Croix-Rouge

    En Somalie :
    Aide médicale - Programme de traitement de l’eau – Distribution non alimentaire
    Au Kenya :
    Livraison d’eau potable - Distribution alimentaire

    Le + : Combinaison d’une réponse d’urgence et de développement durable.
    Le - : ?

    Pour donner à la Croix-Rouge, cliquez ici.


    Care

    En Éthiopie :
    Aide alimentaire – Assainissement de l’eau – Renforcement de la résilience
    En Somalie :
    Réhabilitation de structures de récupération d’eau – Soutien aux moyens de subsistance
    Au Kenya :
    Renforcement de la résilience

    Le + : Développement durable
    Le - : C’est Care qui décide d’affecter les différents dons aux diverses opérations.

    Pour donner à Care, cliquez ici.


    Action Contre la Faim

    En Somalie :
    Distribution alimentaire – Aide médicale – Assainissement des eaux
    En Éthiopie :
    Réduction de la vulnérabilité des populations pastorales face aux urgences et conditions climatiques – Accès à l’eau potable – Développement des activités

    Le + : Développement durable
    Le - : En 2009, 4 de leurs bénévoles ont été capturés en Somalie. Ils viennent donc de revenir en Somalie et leur action est encore à renforcer.

    Pour donner à Action contre la faim, cliquez ici.

    Oui, on leur donne de l'argent et ils s'en mettent plein les poches...

    Et non ! Enfin, pas tous... Les trois associations que je vous propose ci-dessus font partie du Comité de la charte du don en confiance. Ce comité surveille et garantit la rigueur et la transparence financière de ses associations membres dans l'intérêt général. Aussi, les sites d'associations sur lesquels vous trouverez le logo à droite sont des sites sur lesquels vous pouvez faire des dons en toute confiance ! Vous pouvez aussi trouver la liste de toutes les associations membres de ce comité ici. Vérifiez que l'association à qui vous donnez figure bien dans la liste. Par exemple, Médecins sans Frontières n'y figure pas. Si quelqu'un en sait plus, qu'il m'explique !

    Enfin, il faut savoir qu'il s'agit d'un comité totalement indépendant, ne bénéficiant d'aucune subvention de l'État et bien sûr ne faisant pas appel à la générosité du public !

    Petit bémol toutefois pour répondre à la question "Est-ce que les 10€ que je viens de donner vont bien aller nourrir un enfant affamé à Mogadiscio ?", la réponse n'est pas forcément évidente. Un article de Libération rappelle en effet que, parfois, l'aide peut être détournée par les seigneurs de guerre, devenant même ainsi une source de revenus non négligeable. Les ONG négocient constamment avec les shebab pour pouvoir aider la population en toute sécurité. Mais dans tous les cas, ce qui est sûr, c'est que si on ne donne rien, la population ne recevra rien !

    Solution d'urgence ou développement durable ? 

    Il s'agit du principal point de discussion sur TED. Faut-il donner ? L'industrie de l'aide alimentaire et les dons qui se multiplient ne font-ils pas des pays receveurs des pays d'assistés dans lesquels les gouvernements se désintéressent des populations car ils savent que des ONG les prendront en charge ? C'est une question légitime. 

    Ne pas nourrir l'industrie de l'assistanat

    Première réponse, difficile : Il ne faut pas entretenir ce processus d'assistanat. Si on arrête de donner aux ONG, face à un peuple affamé et décimé, les dirigeants au pouvoir vont naturellement être forcés de subvenir aux besoins du peuple sous peine d'être discrédités et menacés par les puissances étrangères. Il peut être judicieux de rappeler que la solution à la famine existe : une politique agricole bien menée peut permettre à un pays de survivre à une sécheresse. Seulement voilà, pour cela, il faut avant tout des connaissances, des infrastructures mais surtout un gouvernement.

    Rappelons pour ceux qui n'auraient pas minutieusement étudié la frise chronologique que la Somalie ne possède pas de gouvernement qui a le pouvoir à l'heure actuelle (vous pouvez aller sur le site du gouvernement somalien pour vous en rendre compte... Il existe aussi un faux site mettant en garde contre le TFG, le gouvernement somalien reconnu par tous, soutenu par l'ONU qui est actuellement en exil.). Le pays est divisé. Deux régions relativement stables dans la partie Nord du pays (Somaliland et Puntland) sont plus ou moins indépendantes mais les conflits et la famine touchent particulièrement la partie Sud, en proie en sus de la famine, à des luttes claniques et à de violents mouvements islamistes. Les seigneurs de guerre qui contrôlent ces zones, vivant du fruit de leurs actes de pillage et de piraterie, exercent une terreur sur la population qui n'a d'autre de choix que de fuir. Les différentes opérations militaires tentant de restaurer l'ordre dans la région ont toutes été des échecs. C'est ainsi que des centaines de milliers de personnes se retrouvent dans des camps de réfugiés comme à Dadaab. Peut-on les blâmer de n'avoir pas su gérer la sécheresse ? Je ne pense pas...

    Aider les personnes dans l'urgence

    Aussi faut-il aider ces réfugiés politiques dans les différents camps dont Dadaab. Donner 38€ à Action contre la faim permettra de sauver un enfant atteint de malnutrition aigüe sévère et 90€ permettront à 10 personnes d'obtenir une ration alimentaire de riz, huile, lentilles pendant un mois. Parfait donc. Et ensuite ? Si l'on en croit les explications de Météo-France sur le phénomène de La Niña qui est en partie responsable de la sécheresse actuelle en Afrique de l'Est, le phénomène serait susceptible de se reproduire. Que se passera-t-il alors ? Devra-t-on passer encore une fois à la caisse ? Probablement. Est-ce que les gens risquent d'en avoir marre de donner ? Sûrement. Est-ce que cela impliquera la mort d'encore plus de personnes ? Oui.

    Le développement durable

    Une troisième solution plus intelligente émerge alors. Aidons-les à développer des infrastructures. Selon, un article du Monde (qui lui-même cite la FAO mais je n'ai pas pu trouver la source exacte, si vous la trouvez, prévenez-moi !), "aujourd'hui, entre 30 et 60% de la production agricole est perdue entre la ferme et le marché". Pourquoi ? Parce qu'ils manquent d'infrastructures pour stocker leurs récoltes et les transporter jusqu'au lieu de vente. Sachant que la Somalie va produire cette année (estimation FAO) 172 000 tonnes de céréales, il s'agit d'un énorme manque à gagner pour la population somalienne ! Le stockage est d'autant plus important pour le développement durable de ces populations qu'il permettra, dans l'avenir, de faire des réserves d'urgence si possible (comme ça a été le cas au Kenya il y a quelques années). Ces réserves permettront de résorber l'envolée des prix des denrées alimentaires en cas de sécheresse (Rappel : en 3 mois, le prix du riz a monté de 300% dans la capitale somalienne - source). 

    Mais, posséder des infrastructures n'aidera en rien si les paysans somaliens ne sont pas capables de produire des céréales sur leurs terres. Ils doivent s'adapter au changement climatique. Le problème principal est alors l'eau. Les nappes phréatiques ne sont pas vides mais il faut creuser plus profond. Il est nécessaire de construire plusieurs puits de forage suffisamment profonds et de mettre en place un système d'irrigation d'eau potable. C'est par exemple ce que propose de faire l'UNICEF. Des semences plus résilientes sont aussi nécessaires afin d'éviter que les cultures ne soient trop sensibles aux changements climatiques. Paradoxalement, les OGM pourraient être une solution pour le développement durable. 

    Le problème de l'insécurité.

    Reste un problème majeur : la sécurité. Comment construire des infrastructures si les shebab bloquent l'accès aux ONG qui, quand elles parviennent à aller sur le terrain, craignent pour leur sécurité ? En ce moment, les ONG négocient avec les shebab afin de pouvoir venir au secours de la population (Rappel : En 2009, les shebab avaient déclaré les ONG occidentales non-grata, soupçonnées de vouloir convertir la population somalienne aux idées anti-islamiques et capitalistes). L'UTI (Union des Tribunaux Islamiques - n'hésitez pas à parcourir la frise chronologique !) et en particulier son mouvement le plus violent Al-Shabbaab souhaite en effet instaurer la charia dans sa version la plus radicale, contraire aux Droits de l'Homme. Vouloir lutter contre eux maintenant serait absurde et conduirait à massacrer la population locale qui peine déjà à survivre à la famine actuelle. Cependant, croyant en l'idéologie des Droits de l'Homme, nous ne pouvons laisser une telle chose se produire. Mais il faut, selon moi, voir un plan de reconstruction en deux étapes. Tout d'abord, un projet de reconstruction du pays via les infrastructures et l'agriculture durable en maintenant la sécurité via des négociations avec les shebab comme c'est le cas actuellement. Ensuite, il n'y a plus qu'à espérer, qu'une fois sorti de la famine de manière durable, le peuple somalien sera en mesure de se rebeller contre les différents seigneurs de guerre. Comme nous avons vu un printemps arabe en Afrique méditerranéenne, peut-être pouvons-nous espérer un jour, un printemps somalien bien qu'il s'agisse de situations totalement différentes. C'est à a ce moment-là que devront intervenir militairement l'ONU et les puissances étrangères afin de rétablir la sécurité conforme aux Droits de l'Homme dans le pays.

    Quel est le prix à payer pour promouvoir maintenant le développement durable en Somalie ? Délaisser l'aide d'urgence. Allouer les dons aux projets de développement durable plutôt qu'à la distribution alimentaire et à l'aide médicale d'urgence. Laisser des dizaines de milliers de personnes mourir maintenant pour pouvoir en sauver des millions à l'avenir. C'est un choix difficile mais responsable.

    Au fond, la Somalie on s'en fiche un peu non ?

    En effet. Pourquoi se sentir concerné par des paysans manquant d'eau à 6500km de nous quand dans le cœur de Paris, des sans-abris doivent mendier pour survivre ? Josette Sheeran, la directrice générale du Programme Alimentaire Mondial, répondra mieux que moi à cette question dans cette vidéo (1'12) :




    La vidéo est disponible sur TED ici. Pour ceux d'entre vous qui ne parleraient pas anglais, voici un petit résumé des arguments qui m'ont le plus percuté. Le premier fait appel à la compassion. Nourrir un bébé. Répondre aux pleurs d'un bébé par de la nourriture. Voici une chose que tout le monde parvient à faire chez nous mais que ne parviennent pas à faire les femmes dans ces pays. Regardez les images (notamment 3'58). Le deuxième argument est plus rationnel. C'est ce que Josette Sheeran appelle "le poids de la connaissance" (cf. 5'08). Si durant les 1000 premiers jours de la vie d'un enfant, celui-ci a été mal nourri, le volume de son cerveau peut être jusqu'à 40% plus petit que celui d'un enfant normal et les synapses ("connexions") dans son cerveau ne se formeront pas. Le potentiel de ses enfants est donc considérablement réduit. C'est donc pour cela qu'ils nécessitent notre aide, nous qui avons été nourris correctement durant notre enfance et qui sommes en mesure d'aider ces enfants-là.

    Oui, bon d'accord, mais moi j'ai pas d'argent à donner !

    Ce n'est pas grave ! Il y a plein de manières d'aider. Justement le Programme Alimentaire Mondial a fait une liste des 10 façons desquelles nous pouvons aider à lutter contre la crise alimentaire. Vous pouvez par exemple partager cette vidéo, participer à un quizz ou bien rejoindre le PAM sur Facebook, Twitter et YouTube. Personnellement, j'ai aussi traduit en français une page Facebook créée en anglais par Kristofer Bjönson, l'initiateur de la conversation sur TED. La page a pour objectif de rassembler divers liens afin que chacun puisse donner à l'association de son choix. Nous nous sommes mis d'accord pour traduire la page Facebook en un maximum de langues afin que celle-ci soit accessible par le plus grand nombre. Aussi Kristofer l'a-t-il traduite en suédois (sa langue maternelle). Si vous parlez une langue autre que le français, l'anglais et le suédois, je vous invite donc à traduire cette page, tout en restant fidèle au nom et à la photo. Sinon vous pouvez aussi "liker" et partager la page sur votre profil.




    Merci d'avoir lu mon post jusqu'au bout, il était long je sais mais à la hauteur de l'importance de la crise actuelle. N'hésitez pas à laisser vos commentaires !

    Pour encore plus d'informations


    3 commentaires:

    1. Taxer les transactions financières ! Ca permettra de résoudre BEAUCOUP de problèmes !
      (désolé, pas lu ton article, je partage juste l'idée que m'ont inspiré les reportages et les campagnes de don pour la crise alimentaire)

      RépondreSupprimer
    2. Dis, Raman. Ce serait bien la prochaine fois que tu lises mes articles afin d'éviter le hors-sujet dans les commentaires.
      À aucun moment, je ne parle de ce que les États devraient faire ou ne pas faire ! Si tu as avais lu ne serait-ce que les deux premières lignes de l'article tu aurais vu que la question posée ici est : "Comment UN INDIVIDU peut-il aider à lutter contre la famine dans la corne de l'Afrique ?"

      Alors, s'il te plaît, la prochaine fois avant de venir commenter sans argumentaire des articles qui n'ont rien à voir, lis ce que j'ai écrit. Merci.

      RépondreSupprimer