...Suite de l'article Budget de la culture (1) : Introduction.
Combien coûte le ministère de la culture et de la communication ? Après décryptage du Budget 2011 du ministère de la Culture et de la Communication (disponible ici) avec l'aide des différentes annexes aux lois de finance (disponibles là), j'ai réalisé ce petit graphique sous Excel histoire d'y voir plus clair sur le budget :
Ahurissant ! 53% du budget, soit environ quatre milliards d’euros
sont consacrés à l’audiovisuel. Vous pensiez que l’entretien de tous nos
monuments ou que les subventions pour les musées étaient plus conséquents que
la télé ? Loupé… J’ai été surpris aussi ! Reste maintenant à
comprendre pourquoi un tel budget alloué à l’audiovisuel. À quoi sert donc cet argent ? Décryptage :
France Télévisions (regroupant France2, France3, France4,
France5, France Ô, des chaînes régionales et détenant des actions d’autres
chaînes telles que Euronews, Mezzo ou bien Gulli) représente à elle seule 64%
du budget de l’audiovisuel (environ 2,5 milliards d’euros). (Source: Rapport d'activité de France Télévisions).
D’où proviennent ces sous ? Principalement de la
redevance audiovisuelle mais aussi des publicités et parrainages.
La redevance audiovisuelle est de 123 euros par an pour tous
ceux qui ont un dispositif de réception de la télévision (= téléviseur en
pratique). Je tiens cependant à souligner une injustice ici. Ceux qui disposent
d’un accès aux chaînes publiques via internet ne paient pas la redevance
audiovisuelle alors qu’ils en bénéficient aussi. Et je me vise moi le
premier… À ceux qui me diront qu’ils ont un ordinateur avec internet mais ne
regardent jamais les chaînes publiques, je leur dirai que ceux qui ont un
téléviseur afin de jouer aux jeux vidéos ne regardent jamais non plus les
chaînes publiques et sont néanmoins contraints de payer la redevance
audiovisuelle… Un amendement corrigeant cette injustice avait été proposé en
2008 mais n’a pas abouti. Selon la commission spéciale, il aurait pu dégager
jusqu’à 50 millions d’euros de rentrées fiscales. Ainsi, il serait plus question
de réparer une injustice que d’augmenter le budget de la culture.
La deuxième source de revenus de France Télévisions est la
publicité. Suite à la réforme tant critiquée de 2009, la publicité a été
supprimée sur les chaînes entre 20h et 6h. De cette façon, cela évite que les
chaînes programment trop fréquemment en prime-time des émissions, films ou
spectacles trop grand public afin de collecter le produit des ventes des
créneaux publicitaires. L’État a donc dû établir deux taxes pour compenser ce
manque à gagner. La diversité et la qualité ont un prix.
Pourquoi dépenser tant d’argent dans France
Télévisions ?
La société anonyme est censée nous proposer une télévision libre,
diversifiée et pour tous.
Chaque chaîne de France Télévisions a son rôle et sa ligne
propre. Par exemple, France 3 est la chaîne « proche de vous », avec
beaucoup d’antennes régionales, tandis que France 4 tente d’attirer les jeunes
et diffuse régulièrement des divertissements notamment musicaux. Cependant,
financer l’ensemble de ces chaînes a un certain prix qui est élevé. Mais
faut-il augmenter le budget de France Télévisions ?
Les objectifs de la société sont maintenant de consolider sa
position de leader français en termes d’audiences. Est-ce un objectif
nécessaire ? Certainement pas. Ce qui compte c’est qu’une offre
diversifiée
existe, peu importe combien de personnes regardent ces programmes. Aussi n’est-il pas nécessaire de renforcer le budget de France Télévisions du moment que l'offre est suffisamment diversifiée.
Cependant, il ne faut pas non plus le diminuer : en effet, France Télévisions a un énorme rôle de producteur et une diminution du budget se ressentirait instantanément sur les activités de production de France Télévisions.
existe, peu importe combien de personnes regardent ces programmes. Aussi n’est-il pas nécessaire de renforcer le budget de France Télévisions du moment que l'offre est suffisamment diversifiée.
Cependant, il ne faut pas non plus le diminuer : en effet, France Télévisions a un énorme rôle de producteur et une diminution du budget se ressentirait instantanément sur les activités de production de France Télévisions.
Le deuxième poste de dépenses de l’audiovisuel est celui de
Radio France. Le rôle de Radio France est le même que celui de France Télévisions :
proposer une offre diversifiée et soutenir la création artistique. Avec son
budget de 652 millions d’euros, Radio France arrive à proposer 7 radios
nationales (France Inter, France Info, France Bleu, France Culture, France Musique,
Fip et Le Mouv’). En conservant cette offre diversifiée, réduire ou augmenter
le budget revient, dans une certaine mesure, à réduire ou augmenter le budget
alloué à la création et à la formation artistique.
Les autres gros postes du budget sont respectivement alloués
:
- à l’audiovisuel extérieur afin de diffuser la culture à l’ensemble des français et francophones de la planète ;
- à ARTE France afin de soutenir la diffusion de la chaîne, le développement de nouvelles technologies et la création ;
- au passage à la télévision tout numérique en vue de l’extinction de la diffusion analogique d’ici à la fin de l’année …
Dans tous les cas, il s’agit d’aider à développer et diffuser
la diversité audiovisuelle, à créer de nouveaux médias grâce à de nouvelles
technologies et à soutenir la création.
En conclusion, comme c’était le cas pour France Télévisions
et Radio France, réduire ou augmenter le budget de l’audiovisuel revient à
réduire ou augmenter le budget alloué à la création audiovisuelle.
La question « faut-il
augmenter le budget de la culture ? » équivaut ainsi à « faut-il
augmenter le soutien à la création culturelle ? ». A-t-on trop d’offre ?
Trop de chaînes et de radios que personne n’écoute jamais ? Faut-il les
maintenir ? Ou alors, a-t-on trop d’artistes qui aimeraient pouvoir
diffuser leurs créations de qualité ? Jusqu’où s’arrêter ? À vous de répondre !
Dans l'actualité, concernant France Télévisions :
RépondreSupprimerhttp://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2011/12/06/france-televisions-l-entreprise-unique-en-ordre-de-marche-fin-2012_1614006_3236.html